Philosophie du yoga

Le mot "yoga" proviendrait du mot "yug", en sanskrit (ancienne langue Indienne), qui signifie "unir, joindre, relier". Nous ne savons pas avec certitude comment est né le yoga, ce qui lui confère un certain charme. Cependant, les différentes formes de yoga proviennent d'un texte unique appelé "Yoga-sutras". Ce texte fut écrit par Patañjali et compilé entre le 2e et le 5e siècle avant J-C. Il est composé de quatre chapitres (concentration, pratique, pouvoirs et libération) et regroupe 195 sutras, c'est-à-dire de courtes phrases à mémoriser. Chaque partie vise à définir les principes et les actions recherchées par le yoga.

Le yoga repose sur huit étapes inscrites dans les textes du "Yoga-sutras" :

1e - Les Yamas : ensemble de principes à appliquer pour mieux vivre en société

2e - Les Niyamas : ensemble de règles de vie morales

3e - Les Asanas : la pratique des postures de yoga

4e - Les Pranayamas : le contrôle de la respiration

5e - Pratyahara : le retrait des sens afin de se protéger de toute agitation extérieure

6e - Dharana : l’aptitude à se concentrer sur une seule et même chose

7e - Dhyana : l'étape de la méditation

8e - Samadhi : l'état de super conscience

1e - YAMAS

Les yamas sont des principes éthiques qui nous permettent de mieux vivre avec les autres. Le mot yamas vient de la racine "yam" qui signifie "maîtriser", "contenir", "soutenir". Les yamas correspondent aux règles morales qui s 'appliquent en société. Ces principes peuvent être abordées comme des pistes de réflexions sur notre façon d’agir envers nous-même et envers les autres.

Les cinq yamas sont les suivants :

Ahimsa : la non-violence

Satya : la vérité

Asteya : l’intégrité

Brahmacharya : la modération

Aparigraha: l’absence de convoitise

AHIMSA

Le terme ahimsa résulte de la combinaison du "a" qui induit "l’absence" et de "himsa" qui correspond à "force". Par conséquent, Ahimsa signifie littéralement "absence de force". Ahimsa peut être traduit comme la non-violence. C'est donc la reconnaissance, l’apprivoisement, la maîtrise du désir de violence qui peut être en chacun de nous.

Ahimsa, nous aide à mieux aimer l’humain. Nous ne savons jamais quelle est l’action la plus appropriée pour faire le bien. L’action est toujours à inventer, sans que nous ne soyons sûr d’avoir trouvé la bonne méthode. L’action est une école d’humilité.

SATYA

Satya vient de "sat" qui se traduit par "ce qui existe"," ce qui est valide" et "ce qui est réel". Satya peut se traduire comme la vérité. Ce principe nous aide à devenir plus sincères en cherchant la cohérence entre ce que nous disons et ce que nous faisons réellement. Il est difficile d’expliquer ce qu’est la vérité. Nous avons tous une approche et une définition différente. Nous avons des références, des idéologies et des jugements.

Le choix moral à l’égard de la vérité n’est pas tant entre dire la vérité et mentir. Il convient plutôt de se demander : Comment dire la vérité ? Quelle forme lui donner ?

ASTEYA

Asteya se compose du préfixe "a" pour signifier l'absence et de "steya" qui signifie "voler". Asteya correspond à l’abstention de vol et nous enseigne l'intégrité. L’intégrité, du latin "integra", signifie "entier". L’intégrité consiste à agir sans compromis en toutes circonstances. C’est un principe exigeant qui impose de toujours considérer l’intérêt de l’autre.

La sagesse d’Asteya nous aide à tenter de rester fidèle à soi-même. C’est une vertu voisine de l’honnêteté, envers soi et les autres.

BRAHMACHARYA

"Brahma" veut dire "celui qui existe en soi" et "carya" veut dire "s’engager", " comportement", "ce qui est pratiqué". Brahmacharya signifie s’engager dans une voie juste pour nous. Avec ce précepte, nous tentons d’être moins dans le dépassement, la démesure, l’extrême. Brahmacharya nous amène à vivre avec modération, sans nous laisser uniquement guider par nos désirs ou nos pulsions. Pour appliquer ce précepte, il semble essentiel de prendre du recul en analysant la direction de notre quotidien. L’idée est de le préserver pour éviter de nous épuiser dans les inquiétudes et les excès.

Brahmacharya nous aide à chercher la racine du déséquilibre, plutôt que juste couper la « mauvaise herbe » qui dépasse.

APARIGRAHA

Aparigraha signifie "sans possession", "renonciation des acquis matériel". La non-possession, l’absence de convoitise en sont les maîtres mots. Aparigraha nous amène à nous détacher de "l’avoir" pour se recentrer sur "l’être". Ce dernier précepte nous rapproche de la simplicité. La simplicité est une vertu. La simplicité, c’est être à la fois l’enfant innocent et l’adulte avisé qui étudie ses pensées et sa manière de vivre.

C’est une réflexion sur la réalité de nos besoins, sur les diverses façons de les satisfaire, sur l’évaluation des avantages immédiats et des effets négatifs sur le long terme.

2e - NIYAMAS

Le mot niyamas a plusieurs sens tels que "restriction", "observance", "discipline". Les niyamas représentent les règles morales qui nous soutiennent et nous aident au quotidien. Il s’agit des attitudes envers nous-mêmes. Dans ce contexte, il y a le sens de la retenue, la réserve, la limitation et la discipline.

Les niyamas ne doivent pas être appréhendés comme des dogmes à suivre, mais plutôt comme une éthique personnelle.

Les cinq niyamas sont les suivants :

Saucha : l'hygiène du corps et du mental

Santosha : le contentement

Tapas : la discipline

Svadhyaya : l'étude de soi

Ishwarapranidhana : le lâcher-prise

SAUCHA

Saucha peut être traduit par "pureté", "propreté", "clarté". Ce principe évoque l’hygiène du corps et du mental. Ce précepte propose le postulat suivant : il est nécessaire de prendre soin de son corps autant que de son mental. Le philosophe Socrate disait "Il faut bien connaître ce soi-même dont il faut s'occuper". Prendre soin de soi est une attitude, une façon de vivre qui nous convient.

C’est surtout quelque chose d'intime. Il se développe beaucoup de pratiques que nous pourrions assimiler dans notre quotidien. Or, il n’y a pas une recette magique. Chacun peut trouver ce dont il a besoin à titre personnel. Saucha est en quelque sorte une veille sur soi.

SANTOSHA

Santosha est dérivé de "sam" signifiant "complètement" et de "tosha" signifiant "contentement" ou "acceptation". Ce principe peut être traduit par le contentement, la satisfaction. Il nous permet aussi de questionner notre capacité à nous émerveiller. Les enfants sont des professionnels de l'émerveillement. Ils nous enseignent bien plus que nous le pensons. Au bout des explications rationnelles, les choses restent étonnantes pour ceux qui ont gardé leur fraîcheur. Santosha nous aide à cultiver cela.

Nous pouvons être ouverts et imaginatifs, susceptibles de voir les choses sous une multitude de points de vue.

TAPAS

Le mot "tapas" vient la racine "tap" qui signifie "brûler". Tapas est la discipline, l’action, la persévérance, la régularité, l’assiduité, le courage. Appliquer tapas au quotidien ne signifie pas d’instaurer une discipline inappropriée à nos besoins, mais plutôt de soutenir nos actions. Tapas nous amène à observer notre attitude face à l’adversité.

La persévérance peut se percevoir comme une posture que nous adoptons au quotidien. Elle se manifeste au jour le jour, dans les petites actions discrètes, les prises de décisions difficiles, où nous faisons le choix de suivre nos valeurs quand tout nous contraint à les abandonner.

SVADHYAYA

Svadhyaya est composé du préfixe "sva" qui signifie "soi" et "dhyaya" qui signifie "lecture, étude personnelle". Ce principe nous amène à mieux nous comprendre. En apprenant à travailler sur soi (Svadhyaya), nous parvenons à mettre à jour les déterminations qui pèsent sur nous. Par conséquent, nous apprenons à analyser et à comprendre notre comportement, nos réactions et nos décisions.

La prise de distance fait gagner en lucidité et en sagesse. Svadhyaya est un travail personnel et humble.

ISHVARAPRANIDHANA

Ishvara peut se traduire par "celui qui règne" et pranidhana se traduit par "s'inspirer de" ou "s'abandonner". Ce principe part du corps, par la pratique des postures et des exercices de respiration, pour aller vers un apaisement du mental.
Cet apaisement ne peut se produire que par un relâchement des tensions physiques et mentales. Il est nécessaire de s’abandonner pour passer de l’effort volontaire, à une attitude stable et détendue.

Ishvarapranidhana nous aide à laisser de côté la volonté de tout contrôler. L’acceptation et le lâcher-prise demandent de l’humilité, de la réflexion et du discernement.

3e - ASANAS

A l’origine, "asana" est un terme sanskrit se traduisant par "le fait de s’asseoir" ou "la manière d’être assis". Cette troisième étape du yoga trouve sa définition dans un aphorisme de trois mots traduit ainsi : "La posture ferme et confortable". Les asanas signifient les postures de yoga.

Les postures assises facilitent la concentration, favorisent la conscience du souffle et sont utilisées pour la méditation. Elles assouplissent aussi les hanches, étirent la colonne vertébrale et renforcent la musculature du dos.

Les postures debout développent le sens de l’équilibre, assouplissent et renforcent le corps.

Le plus important reste la prise de conscience pour chaque posture des trois temps suivants : l’installation, la réalisation et l’accueil des sensations. La respiration accompagne chaque étape de la mise en place d’une posture.

4e - PRANAYAMAS

Selon l'étymologie, le mot "prana" se traduit par "souffle", "énergie" et le mot "a-yama " se traduit par "régulation", "rétention". Le pranayama suggère donc le fait de contrôler, maîtriser le souffle.

Chacun d’entre nous qui s’initie à la pratique du yoga apprend à prêter une attention toute particulière à sa respiration. Inspiration, expiration, rétention, mouvements et postures vont peu à peu se synchroniser. Apprendre à travailler la respiration devient essentiel.

La qualité de notre respiration impacte notre système nerveux, en favorisant l’activation du système parasympathique qui gère la détente. La respiration permet de réguler nos émotions, de nous relaxer et de nous apaiser.

5e - PRATYAHARA

Le terme Pratyahara vient de "ahara" qui signifie "nourriture, ce que nous absorbons de l’extérieur" et de "prati" qui signifie "contre, éloigné". Pratyahara veut littéralement dire "contrôle des sens". Nos cinq sens (vue, odorat, goût, ouïe et toucher) sont stimulés en permanence et sont attirés vers l’extérieur. C’est en dirigeant notre attention vers l’intérieur que nous allons épargner notre mental des agitations extérieures afin de l’apaiser.

Nous avons tous déjà pratiqué Pratyahara dans notre quotidien. Par exemple, lorsque nous sommes absorbés par un livre et que nous faisons abstraction de l’environnement. Les bruits environnants sont présents, mais nous sommes si concentrés que nous ne sommes pas distraits par les stimulations extérieures.

6e - DHARANA

En sanskrit, Dharana se traduit par "tenir ", "porter", "protéger". Dharana permet de s'entraîner sur une concentration continue. L'exercice ne consiste pas à trouver une intensité dans la concentration, mais plutôt d'être capable de la garder le plus longtemps possible.

Cette étape améliore notre capacité à rester focaliser sur un point précis (un objet, une musique, la respiration, le corps). Dharana, c'est la voie de la sagesse. L'esprit devient plus posé et reposé.

7e - DHYANA

Dhyana est dérivé du mot "dhi" signifiant "réceptacle" et du mot "yana" signifiant "bouger", "partir". Dhyana est la méditation. C'est la résultante des six premières étapes du yoga. Il n'existe pas de raccourcis pour l'atteindre.

La méditation fait suite à la concentration. La méditation consiste souvent en une attention portée sur un certain objet de pensée ou sur soi. Elle demande de concentrer son esprit sur un mot, un son, un symbole, une image ou notre propre respiration. C'est une pratique visant à produire l'apaisement progressif du mental.

8e - SAMADHI

Samadhi est composé de "sam" qui veut dire "complètement", "pleinement" et de "adhi" qui veut dire "s’établir". Dernière étape du yoga, le samadhi est un état qui s'établit à la suite de la méditation.

Le samadhi peut se traduire par "l'éveil", "la tranquillité totale de l'esprit". C'est une conception beaucoup plus spirituelle, un point de bascule vers un autre état qui dépasse notre compréhension intellectuelle et sensible du monde.

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