

Philosophie du yoga

Les Yoga Sutras représentent les premiers textes fondateurs du yoga. Cette oeuvre attribuée au sage Patañjali a probablement été rédigée entre 200 avant JC et 400 après JC. Ce texte fondamental de la tradition du yoga présente une philosophie et une pratique du yoga sous forme de 196 sutras, organisés en quatre chapitres. Ces sutras exposent les principes, les objectifs et les étapes du chemin du yoga. Les Yoga Sutras sont structurés autour de la pratique de l'esprit, du contrôle des pensées et de l'éveil spirituel.
Les huit membres du yoga (en sanskrit : Ashtanga Yoga) sont un système de pratiques graduelles et interconnectées, décrites par Patanjali dans ses Yoga Sutras. Ces huit membres visent à guider l'individu sur le chemin du yoga en cultivant une vie équilibrée et en développant à la fois la discipline physique, mentale et spirituelle.
Yama : Les principes d'éthique et de discipline sociale
Niyama : Les règles de conduite personnelle
Asana : Les postures physiques
Pranayama : La maîtrise de la respiration
Pratyahara : Le retrait des sens
Dharana : La concentration
Dhyana : La méditation
Samadhi : L'éveil ou l'union

1e - YAMA

Les Yamas représentent un ensemble de principes éthiques qui guident la manière dont un individu interagit avec le monde extérieur. En d'autres termes, ils sont des règles de conduite sociale et des restrictions qui favorisent une vie juste et harmonieuse.
Le mot "Yama" en sanskrit signifie "contrôle" ou "restriction". Les cinq Yamas forment la première étape pour développer la discipline morale et éthique dans la pratique du yoga. Ces principes aident à purifier le mental, à cultiver la compassion et à établir des relations adaptées avec les autres.
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Les Yamas se composent de 5 principes d’ordre moral, désignés par les noms en sanskrit suivants :
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Ahimsa : la non-violence
Satya : la vérité
Asteya : l’absence de vol
Brahmacharya : la modération
Aparigraha : l’absence de convoitise

AHIMSA
Ahimsa est l'un des principes fondamentaux du yoga, et il est également le premier des Yamas décrites dans les Yoga Sutras de Patanjali. Le terme Ahimsa vient du sanskrit, où "a" signifie "non" et "himsa" signifie "violence" ou "dommages". Littéralement, Ahimsa se traduit par la non-violence, ou plus précisément, l'absence de violence sous toutes ses formes : physique, verbale et mentale.
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Ahimsa est bien plus qu'une simple règle de ne pas causer de douleur ou de dommage aux autres. C'est une attitude profondément ancrée dans la compassion, le respect et l'amour. Ce principe invite à cultiver une manière de vivre qui cherche à réduire la souffrance et à promouvoir la paix et l'harmonie, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur.
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Dans la pratique du yoga, Ahimsa est une valeur centrale qui guide non seulement la façon dont nous interagissons avec les autres, mais aussi la manière dont nous abordons la pratique des asanas (postures) et des pranayamas (techniques de respiration). La pratique d'Ahimsa invite à une libération de la colère, du jugement et du désir de domination. En cultivant la non-violence, on se libère du poids des émotions négatives, et on crée un espace intérieur plus paisible.



SATYA
Satya est le deuxième principe des Yamas dans le système du Yoga décrit par Patanjali dans les Yoga Sutras. Le terme "Satya" vient du sanskrit et signifie "vérité" ou "réalité". Plus spécifiquement, Satya nous invite à être authentiques, honnêtes et fidèles à la vérité dans nos pensées, paroles et actions.
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Le principe de Satya ne se limite pas seulement à dire la vérité, mais il s'étend à une intégrité profonde et à un engagement total envers la réalité, que ce soit au niveau personnel, social, ou spirituel. Il encourage à vivre d'une manière qui soit alignée avec ce qui est véritable et authentique, sans tromper soi-même ni les autres.
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Bien que Satya soit une qualité admirable et essentielle à cultiver, il peut y avoir des défis dans sa mise en pratique. Parfois, dire la vérité peut sembler difficile, notamment lorsqu'il y a des conséquences émotionnelles, sociales ou même matérielles à cela.

ASTEYA
Asteya est le troisième principe des Yamas dans le système du yoga, tel que présenté dans les Yoga Sutras de Patanjali. Le mot Asteya vient du sanskrit, où "a" signifie "non" et "steya" signifie "vol". Littéralement, Asteya se traduit par "non-vol", mais ce concept va bien au-delà de la simple interdiction de prendre ce qui ne nous appartient pas. Il englobe des principes de générosité, de respect des biens d'autrui, ainsi que la maîtrise des désirs et des convoitises.
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Asteya nous invite à pratiquer l'absence de vol et de convoitise dans toutes les dimensions de notre vie. Ce principe ne se limite pas uniquement au vol matériel, mais englobe également des aspects plus subtils, comme le vol de temps, d'énergie, d'attention, ou de biens immatériels. Il s'agit de respecter les droits et les possessions des autres, tout en cultivant une attitude de générosité.


BRAHMACHARYA

Brahmacharya est le quatrième des Yamas dans le système du yoga, tel que décrit dans les Yoga Sutras de Patanjali. Le terme Brahmacharya vient du sanskrit, où "Brahma" signifie "l'absolu" et "Charya" signifie "pratique" ou "comportement". Dans le contexte du yoga, il est souvent interprété comme la maîtrise de l'énergie ou la modération des désirs.
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Brahmacharya englobe la modération des désirs dans tous les domaines de la vie. Il s'agit de ne pas se laisser emporter par les désirs matériels, comme la recherche incessante de possessions ou de plaisir instantané.
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En pratiquant Brahmacharya, on cherche à réduire les distractions externes et internes afin de pouvoir se concentrer pleinement sur la pratique, que ce soit dans la méditation, les postures, la respiration.

APARIGRAHA
Aparigraha est le cinquième et dernier principe des Yamas dans le système du yoga, tel que décrit dans les Yoga Sutrasde Patanjali. Le terme Aparigraha vient du sanskrit, où "a" signifie "non" et "parigraha" signifie "possession" ou "acquisition". Littéralement, Aparigraha se traduit par "non-possessivité" ou "non-acquisition".
Ce principe invite à se libérer de l'attachement excessif aux possessions matérielles, ainsi qu'à l'accumulation inutile. Il encourage la pratique de la simplicité et de la modération.
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Le principe d'Aparigraha est directement lié à l'idée de se détacher des biens matériels. Cela signifie ne pas être excessivement attaché à l’acquisition ou à la possession de choses, et comprendre que les objets matériels sont éphémères et ne peuvent pas apporter de véritable satisfaction intérieure.


2e - NIYAMA

Les Niyamas sont les deuxième groupe de préceptes dans le système des huit membres du yoga tel que décrit par Patanjali dans les Yoga Sutras. Après les Yamas (les principes de conduite sociale), les Niyamas se concentrent sur l’auto-discipline, l'éthique personnelle.
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Les Niyamas sont au nombre de cinq, et chacun d'eux a pour but de cultiver un environnement intérieur propice à l'épanouissement. Ils complètent les Yamas et permettent de travailler sur notre propre développement personnel.
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Les Niyamas se composent de 5 principes désignés par les noms en sanskrit suivants :
Saucha : la clarté
Santosha : le contentement
Tapas : la discipline
Svadhyaya : la connaissance de soi
Ishvara Pranidhana : l’abandon, le lâcher-prise

SAUCHA
Saucha est l'un des cinq Niyamas (principes de discipline personnelle) dans le système du yoga selon Patanjali. Le terme Saucha provient du sanskrit et signifie pureté ou clarté. Dans le contexte du yoga, Saucha fait référence à l’hygiène du corps et de l'esprit.
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Pureté physique : Cela inclut l'entretien de l'hygiène corporelle, la consommation d'une nourriture saine et équilibrée, et la purification du corps par des techniques comme le shatkarma (les pratiques de purification comme le nettoyage du système digestif).
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Pureté mentale : Il s'agit de cultiver une pensée claire, positive et équilibrée. Cela signifie se libérer des pensées négatives, des jugements hâtifs, des rancunes et des émotions perturbatrices. La pratique de Saucha consiste également à éviter les distractions et à maintenir une mentalité calme et centrée.



SANTOSHA
Santosha est l'un des cinq Niyamas (les principes de discipline personnelle) dans la philosophie du yoga, comme décrit par Patanjali dans les Yoga Sutras. Le mot Santosha provient du sanskrit et signifie contentement, satisfaction intérieure ou plénitude.
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Dans le contexte du yoga, Santosha nous enseigne à apprécier ce que nous avons, et à être en paix avec ce qui est, sans se laisser entraîner par la quête incessante de plus ou de mieux.
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Dans le yoga, Santosha est un principe fondamental car il nourrit un état d’esprit détendu et équilibré. Lorsqu'on est en paix avec soi-même et content avec ce que l’on a, il est plus facile de cultiver une pratique spirituelle profonde, de se concentrer et de se libérer du stress et des distractions.

TAPAS
Tapas, l’un des Niyamas, a une signification particulière dans la pratique du yoga. Il désigne la discipline, l’effort et la résilience que l’on met dans notre cheminement spirituel. Le mot Tapas dérive du sanskrit, signifiant « chaleur » ou « feu ». Ce feu symbolise la chaleur intérieure qui est produite par l’effort constant et la détermination.
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Tapas nous demande de faire preuve d’un engagement profond dans notre pratique, qu’il s’agisse du yoga, de la méditation ou de la gestion de nos émotions.
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Ce précepte est également l’art de persévérer dans les moments difficiles. Il s'agit d'affronter les défis et de faire face aux difficultés avec courage.


SVADHYAYA

Le mot Svadhyaya vient du sanskrit, où "sva" signifie "soi" et "adhyaya" signifie "étude" ou "enseignement". En somme, Svadhyaya se traduit par l'étude de soi-même ou l'étude des textes sacrés.
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Svadhyaya désigne l'introspection et l'auto-observation. Cela implique de devenir conscient de ses pensées, émotions, actions et motivations. L'objectif est de mieux comprendre qui nous sommes, pourquoi nous agissons de la sorte, et comment nos pensées et comportements influencent notre vie. Dans un sens plus traditionnel, Svadhyaya implique également l’étude des écritures spirituelles et des enseignements sages. Cela peut inclure des textes comme les Yoga Sutras, la Bhagavad Gita, les Védas, ou tout autre texte sacré ou philosophie.​
Dans le contexte du yoga, Svadhyaya ne se limite pas à la simple étude de textes. Cela comprend également la réflexion personnelle après chaque pratique de yoga.

ISHVARA-PRANIDHANA
Ishvara Pranidhana peut être traduit par "dévotion totale à un pouvoir supérieur". Cela représente l’acte de se remettre à une force spirituelle, en abandonnant l'ego et en se consacrant à quelque chose de plus grand que soi-même.
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Ishvara Pranidhana nous invite à réduire l'importance de notre ego. Cela nous aide à cesser de nous concentrer uniquement sur nos désirs personnels et à accepter ce qui vient avec plus de sérénité.
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Ishvara Pranidhana est une pratique où l’on dédie nos actions à quelque chose de plus grand que notre ego, et où l’on trouve la paix en acceptant que les résultats échappent parfois à notre contrôle.


3e - ASANA

Le troisième membre du yoga est les Asanas, qui fait référence aux postures physiques pratiquées dans le yoga. Le mot "asana" vient du sanskrit et signifie littéralement "siège" ou "posture". Dans le contexte du yoga, les asanas sont les postures corporelles qui permettent aux personnes d'atteindre un équilibre entre le corps et l'esprit.
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Les asanas ont plusieurs objectifs fondamentaux dans la pratique du yoga :
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Préparer le corps à la méditation : Les asanas aident à rendre le corps souple, fort et stable, afin de pouvoir rester assis longtemps en méditation sans douleur ni distraction.
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Assurer la santé physique et psychique : Les postures physiques ont des effets bénéfiques sur la circulation sanguine, l’équilibre, la flexibilité, la force et la stabilité. Elles peuvent également réduire le stress, améliorer la digestion et la concentration, favoriser l’alignement, renforcer le système immunitaire et aider à maintenir une bonne posture.

4e - PRANAYAMA
Le pranayama est la quatrième étape du chemin du yoga. Le terme "pranayama" vient du sanskrit et se décompose en deux parties : “Prana” qui signifie “l’'énergie vitale ou souffle” et “Ayama ” qui signifie “l’extension ou le contrôle”. Ainsi, le pranayama peut être compris comme le contrôle du souffle, ou l'extension du souffle, qui permet de maîtriser l'énergie vitale.​
Le pranayama consiste à contrôler la respiration pour harmoniser le flux d’énergie vitale dans le corps. Cette pratique est un pont entre le travail physique (asanas) et le travail mental (méditation). Par le pranayama, on peut :
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Calmer le mental : Le souffle est intimement lié à l’état de l’esprit. En contrôlant la respiration, on peut apaiser les fluctuations mentales.
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Augmenter la vitalité : Le contrôle du souffle améliore l'apport en oxygène et régule les niveaux d'énergie du corps.
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Préparer à la méditation : La maîtrise du souffle crée un environnement propice à la concentration (dharana) et à la méditation (dhyana).


5e - PRATYAHARA

Le mot "pratyahara" vient de deux racines sanskrites : prati (contre, en direction de) et ahara (nourriture, influence), ce qui peut être traduit par "retrait des sens".
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Dans le contexte du yoga, pratyahara désigne l'idée est de ramener notre attention à l'intérieur, dans notre esprit, au lieu de se laisser absorber par les bruits, les images, et les sensations autour de nous.. Cela permet de réduire l'influence des distractions externes, facilitant ainsi la concentration et la méditation.
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Dans la pratique, cela peut signifier, par exemple, fermer les yeux ou écouter un son spécifique (comme un mantra) pour éviter d'être perturbé par ce qui se passe autour de nous. C'est une étape importante pour approfondir la concentration et la méditation dans le yoga.

6e - DHARANA
Dharana, signifie littéralement « concentration » ou « fixation de l'esprit ». C’est une pratique essentielle pour atteindre ensuite un état méditatif.
Dharana désigne la capacité de maintenir l’esprit concentré sur un seul objet, un point ou une idée, sans être distrait par des pensées parasites. Cet objet peut être :
Un point physique
Une image mentale
Une pensée
Un son ou un mantra
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C'est l'art de garder votre attention sur une seule chose, sans se distraire. Dharana est comme un entraînement pour l'esprit, pour qu'il reste stable et tranquille, même dans l’adversité.
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Dharana est le fondement de l'état méditatif (dhyana) où l'esprit devient complètement immergé.
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7e - DHYANA
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Dhyana, signifie « méditation » ou « contemplation profonde ». C’est l’état où l’esprit devient totalement absorbé dans un flux continu de concentration, sans distractions. La méditation est une pratique mentale qui consiste à entraîner l'esprit pour atteindre un état de calme, de clarté et de concentration.
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Méditer, c’est :
Observer son esprit : Prendre conscience de ses pensées sans s’y attacher
Se recentrer : Focaliser son attention sur un point, comme la respiration, un mantra ou une sensation
Créer de l’espace : Permettre à l’esprit de se détendre et de se libérer du stress ou des distractions
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Qu’il s’agisse de réduire le stress ou de favoriser une meilleure compréhension de soi, méditer régulièrement transforme positivement le mental et le corps.
Méditer, c’est s’offrir un moment pour ralentir, respirer et se reconnecter à l’essentiel.

8e - SAMADHI
Le mot samadhi vient du sanskrit et se compose de trois éléments principaux :
Sam : « ensemble », « totalement »
A : préfixe indiquant « vers » ou « direction »
Dhi : « Intellect », « conscience », « méditation profonde »
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Samadhi est le huitième et dernier membre de l’Ashtanga Yoga selon Patanjali. Dans le contexte du yoga, cela illustre le point culminant de la pratique spirituelle : un état d’équilibre parfait où toutes les distinctions s’effacent. Le samadhi est l’état de conscience le plus élevé dans le yoga.
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